Le revenu universel, LA solution pour endiguer la pauvreté ?

À l’heure où la pauvreté explose, le revenu universel fait son retour dans le débat public. Des voix s’élèvent pour cheminer à sa mise en place, comme Alexandre Laurent, membre du collectif Droit au revenu. D’autres pensent qu’il n’est pas la réponse, comme Arthur M., membre de l’association Réseau salariat qui milite pour un salaire à vie. Rencontre.

  • En quoi consiste le revenu universel ?

Alexandre Laurent : Le but c’est de partir du RSA, et de proposer des améliorations concrètes : l’inconditionalité -donc pas de “flicage” des plus pauvres- l’accès au moins de 25 ans, l’individualité et l’automatisation du versement. En plus d’un revenu minimum garanti, il aurait une universalité, donc on ne tient pas compte du revenu pour le toucher. Pour l’équité, ça s’assure par l’imposition et les cotisations. 


Arthur M : On va créer deux piliers : celui du capitalisme où l’on va totalement dépendre de l’aléa du marché, dans un rapport de force inégal qu’on ne va pas remettre en cause, en ajoutant un deuxième pilier de solidarité pour les pauvres. Au lieu de se battre pour le salaire, on va aller sur un autre terrain : demander du cash hors du lieu de travail et donc cumuler plusieurs revenus. Cela entérine le statut capitaliste qui dit qu’on doit aller se vendre. 

  • Avec la crise sanitaire, le revenu universel a refait surface dans les médias. Est-ce un “outil d’émancipation des classes populaires”, comme évoqué par Benoît Hamon ?

A.L : Le revenu universel se penche sur deux axes : lutter contre la pauvreté et repenser le rapport au travail. À partir de là on peut parler d’émancipation par rapport à la dureté du quotidien quand on vit dans des situations difficiles, mais aussi vis-à-vis du travail. C’est un projet de société dans lequel va s’inscrire ce revenu car il faut aussi lutter contre l’ubérisation à outrance et la précarisation des travailleurs. Nous défendons un revenu décent, à 60% du revenu médian, à savoir 1000 euros.

A.M :  Non pas du tout. Lors du premier confinement, les seuls qui ont vu leur salaire et leurs revenus se poursuivre sont les fonctionnaires et les retraités car ils bénéficient de ce statut que l’on cherche à étendre : c’est leur personne qui est titulaire du salaire et non pas le poste qu’ils occupent, ce qui n’est pas le cas des ubérisés et indépendants. L’objectif du revenu de base est juste de traiter un symptôme : la pauvreté. Avec le salaire à vie, nous nous attaquons au problème de fond.

Bernard Friot, sociologue et économiste

A. L : Il y a souvent une caricature : soit ce revenu, soit le travail, comme si on voulait remettre en question la valeur de ce dernier. On fait peser énormément sur l’emploi mais c’est un canard boiteux à l’heure actuelle. Mettre en place ce revenu en évitant la question de la réduction et de la répartition du travail, ce serait créer une société avec d’un côté l’élite qui a un emploi, et de l’autre celle qui touche l’allocation. Il y a aussi la question du mal-être et du fait que nous dépendons du nombre d’emplois occupés. Il s’agit de prendre ces maux à bras le corps dans un projet global.

A.M :  Il y a ce problème de chômage parce que le nombre d’emplois est défini par les capitalistes. Le système est fait pour qu’ils maximisent le profit et donc minimisent la masse salariale. Si on renverse ça en disant -comme on le propose avec le salaire à vie- que tout le monde est payé de base, on n’est plus quémandeur d’un emploi puisqu’on est titulaire d’un salaire et munis d’un droit de regard dans l’entreprise.

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