Précarité menstruelle : la France avance dans la gratuité des produits hygiéniques

Il existe de nombreuses inégalités d’accès aux protections périodiques, mais les choses bougent au sein du gouvernement français qui a annoncé la gratuité de ces protections pour les étudiantes dès le 23 février 2021 dans les résidences universitaires. 

La précarité menstruelle : un problème d’envergure 

Les règles est un phénomène qui touche toutes les femmes. En moyenne, une femme aura ses règles 500 fois dans sa vie, ce qui fait environ 10.000 protections hygiéniques. Mais toutes les femmes n’y ont pas forcément accès et ne peuvent pas vivre leurs règles paisiblement. D’après les estimations du journal Le Monde, les règles coûteraient plus ou moins 10€ par mois. Les femmes et jeunes filles en situation précaire, comme Emma Le Louër, étudiante, doivent parfois choisir entre “un paquet de pâtes et des protections périodiques”. 

Ne pas pouvoir bien se protéger pendant cette période pousse beaucoup de femmes à se tourner vers des solutions de fortune, des alternatives qui “sont très dangereuses pour la santé féminine” selon Élise, cofondatrice de l’association “M.A.Y” qui lutte contre cette précarité menstruelle. Alors qu’une étude réalisée sur 6.000 personnes menstruées montre que 1/3 d’entre elles estime avoir besoin d’une aide financière pour se procurer des produits périodiques, “la France a trop de retard sur la question de la précarité menstruelle” affirme Élise. 

Le retard du gouvernement français sur la précarité menstruelle compensé par des associations

De nombreuses associations se mobilisent depuis des années pour soutenir les presque 2 millions de femmes en situation de précarité menstruelle. Pour le collectif « M.A.Y », ce phénomène est “un réel frein à l’éducation” puisque beaucoup de jeunes filles se voient contraintes de rester chez elles, même lors des cours, par manque de protections. 

Alors que le gouvernement français a pendant longtemps négligé ce problème, les associations comme “Care”, “Règles élémentaires” ou encore “M.A.Y” ont pris le relai. “Collecte de dons et de protections hygiéniques, accompagnement des personnes démunies et sensibilisation à la question des règles”, voici les missions que se fixent ces associations comme l’a expliqué Inès du collectif “Care”. 

Pour Emma, ces institutions sont “d’une aide incroyable” et lui permettent de “souffler un peu”. Avec la crise sanitaire, sa situation n’a fait qu’empirer, mais même si les nouvelles mesures prises par le gouvernement représentent selon elle “un grand pas”, c’est “encore insuffisant” au vu d’autres pays comme l’Écosse où toutes personnes menstruées peut accéder à des protections périodiques gratuitement. 

Distributeurs de protections hygiéniques : une mesure insuffisante

Jusqu’en 2016 avec l’abaissement à 5,5% de la TVA sur les produits périodiques, ces protections n’étaient pas considérées comme des produits de première nécessité. Aujourd’hui, en raison des conséquences économiques de la crise sanitaire, l’exécutif commence à agir contre la précarité menstruelle. 

Frédérique Vidal, ministre de l’éducation supérieure, a donc annoncé la mise en place de 1500 distributeurs gratuits de protections périodiques dans les résidences universitaires qui sera généralisée à l’ensemble des campus universitaires d’ici la rentrée 2021. Une avancée certes, mais qui est loin de suffire pour l’association « M.A.Y » : “il faudrait que les protections hygiéniques soient complètement remboursées ou gratuites”. Un appel auquel se rallient de nombreuses associations féministes qui saluent quand même l’initiative gouvernementale.

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